"[...] Cora et Bertrand contemplaient la baie soumise au reflux, alors que réapparaissaient les frontières des prés salés et l'avant garde des bancs de sable. Le paysage se modifiait très vite et sa modification s'accompagnait de celle des nuages qui déferlaient vers l'horizon où les rais de lumière d'un soleil intermittent les éclairaient par saccades.
Une lueur opalescente conquérait l'espace et la terre et le ciel se rejoignaient et s'unissaient en une seule teinte. C'était l'harmonie née de la confusion. Tout se faisait et se défaisait.
Tout se transformait sans rupture dans une immense baie céleste qui absorbait la baie de Somme et ses rives.[...] "Derrière les personnages, la Baie offrait ses bancs de sable et ses émergences de verdure sous un ciel ennuagé mais lumineux qui s'unissait à elle. Compagne mouvante et immuable dans ses éternelles variations."
Robert Mallet - Les Rives incertaines - Gallimard 1993
